Will Shu, Directeur Général et fondateur de Deliveroo parle trop et il va se faire du mal !

Le directeur général et fondateur, à l’issue de l’opération d’introduction en bourse, a affirmé :

« Notre objectif est de construire la société ultime de restauration en ligne et nous sommes très enthousiastes quant à l’avenir qui nous attend ».

Vous avez bien lu : Deliveroo est une « société de restauration » c’est lui qui le dit ! Alors là, ça coince !

Deliveroo : une société de restauration ?

Les normes HACCP s’appliquent à toutes les sociétés de restauration

Qu’elle soit en ligne ou pas, une société de restauration tombe sous le coup de la réglementation européenne dit Paquet Hygiène qui l’oblige à respecter la démarche HACCP et là c’est la catastrophe.

On a tous vu les livreurs attendre assis sur le sol ou sur des bancs publics, trouver un recoin pour se soulager, poser leur sacs parfois déchirés, souvent sales n’importe où, taper sur leur téléphone, se moucher, se gratter la tête voire plus et repartir en livraison sans même pouvoir se laver ou désinfecter leur équipement. Un contrôle des sacs de livraison et des mains des livreurs ferait trembler n’importe quel laboratoire d’hygiène. Alors heureusement les produits sont emballés mais rarement de façon étanche…

Toute société de restauration et tout livreur de produit alimentaire doit respecter la chaîne du froid ou du chaud, utiliser des conteneurs de livraison désinfectés après chaque livraison, et permettant de respecter les températures de transport, depuis la sortie de la cuisine jusqu’au consommateur.

Vous devriez tous recevoir vos commandes chaudes à 63 ° C (température valable dans toute l’Europe, avant en France c’était même 65 °C). Pour mémoire le seuil de la douleur est à 50 °C ! Vous vous êtes souvent brulés la langue en dégustant votre livraison ? en dessous de 63 °C les microbes se développent rapidement surtout si l’environnement n’est pas sain.

Et pour le froid, cela dépend des produits livrés mais tout livreur doit pouvoir contrôler le température de livraison de ses produits surtout en période de forte chaleur. Pour ma part je n’ai jamais vu un thermomètre dans les sacs de livraison par contre j’ai souvent vu les produits attendre sur une table ou un comptoir sans protection particulière parfois assez longtemps au regard des règles d’hygiène.

… pour l’instant une société de livraison !

Les sociétés de livraison affirme souvent qu’elles ne sont qu’intermédiaires, que c’est le client qui a acheté le produit au restaurateur et qu’elles ne font que la livraison. 

Ah bon et alors ? Quelle différence avec un traiteur, une cuisine centrale, un producteur alimentaire ou livreur de surgelés qui livre ses clients, grossistes ou particuliers directement ou en louant les services d’un transporteur et qui se fait payer pour les produits livrés ? Tous utilisent des équipements adaptés et suivent les règles d’hygiène. Les Service Sécurité Sanitaire de l’Alimentation – CCRF font assez de contrôles pour le savoir…

Et de toute façon comment peut-on se prétendre « ultime société de restauration » et accepter les conditions d’hygiène déplorables imposées au personnel de livraison de ces plateformes à qui on ne donne pas les moyens de respecter les règles les plus élémentaires. Certains diront que cela va faire augmenter le couts de livraison mais peut-on faire n’importe quoi au prétexte que ça arrange n’importe qui ?…

D’ailleurs les société de restauration qui gèrent en interne le service de livraison n’ont pas ce problème et s’équipent en conséquence, elles ont donc maîtrisé l’équation hygiène/cout.

Alors Mr Shu, vous savez déjà où vont passer les millions d’euros obtenus par votre introduction en bourse puisque depuis peu, ces livreurs sont un peu plus vos salariés !…